Dans le précédent épisode, les amis ont fait une escale au château du Haut-Koenigsbourg pour livrer un baluchon de kougelhopfs. Aujourd’hui, la petite équipe reprend son voyage à bord du traîneau volant pour découvrir Colmar.
– Vous allez voir, c’est une ville magnifique et vraiment féérique au moment de Noël. Il y a des guirlandes lumineuses partout, d’énormes nounours avec des bonnets de Noël, des sapins géants… dit Noah avec des étoiles dans les yeux.
– Est-ce qu’on pourra manger du munster là-bas ? s’interroge Froussou.
– Oh non, tu vas encore avoir une haleine de chaussette ! répond Paco en riant.
– Arrivée dans quelques instants ! Colmar en visuel juste en dessous ! dit le chef des oiseaux qui dirige le traîneau volant.
– Hmm… C’est bizarre, c’est tout noir ! Normalement il y a de la lumière partout à Colmar.
– Nom d’une guirlande grillée, peut-être qu’il y a une coupure d’électricité géante, rétorque Touronchon.
Les oiseaux atterrissent doucement dans une petite rue pavée étonnamment sombre. Seules quelques bougies disposées ici et là éclairent timidement les façades. Au même moment, ils aperçoivent trois jeunes garçons assis sur une marche, l’air tout triste.
– Euh bonjour… On vient tout juste d’arriver. Savez-vous pourquoi la ville est plongée dans le noir ? leur demande Paco.
– La gardienne des lumières n’a pas allumé les guirlandes aujourd’hui, répond l’un des garçons, le regard vide.
– La gardienne des lumières ?
– Qui est la gardienne des lumières ?
– Ici à Colmar, c’est une vieille chouette prénommée Loupiote qui s’occupe d’allumer chaque jour les illuminations mais, on ne sait pas pourquoi, aujourd’hui ce n’est pas le cas.
– Et elle est où cette chouette ? interroge Paco.
– Là-haut sur ce toit. Vous voyez ? Juste à côté de l’énorme interrupteur qui permet d’allumer toute la ville. Mais nous ne pouvons pas y accéder, c’est trop haut.
– Avec notre traîneau volant, on peut y aller facilement. Allons la voir pour comprendre ce qu’il se passe, ajoute Touronchon.
– C’est vrai ! On ne peut pas laisser cette jolie ville dans le noir ! dit Toudoucette, peinée par la situation et inquiète pour cette chouette.
Ni une ni deux, les amis sautent dans le traîneau et les oiseaux prennent leur envol. Froussou, un peu anxieux à l’idée d’être perché sur un toit, reste en bas avec les jeunes garçons.
– Bonjour Loupiote ! lance Toudoucette d’une voix douce.
– Bonjour, répond la vieille chouette, d’un ton calme et triste.
– Tout va bien ? On peut t’aider à allumer les lumières ? ajoute Paco.
– Je ne suis pas très en forme aujourd’hui, c’est pour ça que je n’ai pas allumé les lumières.
– Tu es malade ? Tu as besoin d’une petite écharpe pour ne pas avoir froid ? propose Toudoucette.
– Non, je ne suis pas malade, je veux plutôt dire que… Je suis triste.
– Oh, pourquoi es-tu triste ? demande Paco, touché par la petite chouette.
– Alors que la préparation de Noël devrait rimer avec joie, tout le monde est de mauvaise humeur. Certains râlent parce qu’il y a trop de choses à préparer, d’autres se disputent pour des gâteaux pas assez cuits… On dirait que l’esprit de Noël a disparu. À quoi bon allumer les illuminations de la ville si personne ne voit la vraie lumière de Noël : être ensemble et partager de bons moments ?
– C’est vrai que parfois, malheureusement, on oublie l’essentiel… On a effectivement vu beaucoup de gens stressés par les préparatifs, mais nous avons aussi vu des belles choses comme un petit garçon qui a offert une clémentine à un sans-abri, un couple buvant un jus de pomme chaud et riant ensemble, un monsieur qui aidait une dame à porter ses courses… exprime Toudoucette.
– Il reste donc un peu de lumière dans le coeur des gens ?
– Oui, c’est juste qu’elle est parfois un peu cachée par les soucis du quotidien. Mais elle est bien là, et les gens ont peut-être juste besoin qu’on leur rappelle.
– Waow. Tu veilles à la fois sur la lumière extérieure, mais aussi sur celle dans les cœurs. Rien que pour ça, tu mérites un petit cadeau. Tiens Loupiote, voici un kougelhopf que nous avons préparé hier, intervient Touronchon jusqu’ici très silencieux.
– Merci. Vous me réchauffez le cœur. Ensemble, allumons la ville pour rappeler à tous ce qu’est vraiment Noël !
Loupiote appuie sur le gros interrupteur et toute la ville s’illumine d’un coup. Les sapins scintillent, les guirlandes clignotent joyeusement et les fenêtres des maisons brillent. Des cris de joie résonnent dans les rues. Toudoucette prend une grande inspiration et s’adresse aux passants depuis le toit.
– Vous savez pourquoi il faisait tout noir ce soir ? Parce que Loupiote, la gardienne des lumières, a vu trop de visages fermés. Elle a voulu qu’on se rappelle que la lumière doit d’abord rayonner de nos cœurs ! C’est cela le mystère de Noël : la joie et la fraternité ! Bonne préparation !
En bas, Froussou lève les sabots au ciel, tout fier d’avoir presque participé depuis le sol et s’écrit :
– Bon, je vous l’avais bien dit que ça allait s’éclairer !
Les préparatifs de Noël peuvent parfois être si préoccupants qu’ils nous font passer à côté de l’essence même de cette belle fête : la joie partagée. Ne l’oublions pas !
Dans le prochain épisode, les amis vont profiter de Colmar et faire la rencontre d’une jolie chorale… Enfin presque !