Dans le précédent épisode, la petite bande d’amis a fait une pause nature dans une forêt mystique et a rencontré René, un tailleur de pierre. Aujourd’hui, Paco et ses amis se rendent dans la petite ville de Rouffach, où ils vont faire la connaissance d’un certain Maître Cruchon, un ami de René.
– J’adore toujours ces balades en traîneau volant. Qui aurait cru que je volerais avec un caribou, deux manchots et un nouveau super ami ? s’écrie Noah, des étoiles dans les yeux.
– La prochaine fois, c’est toi qui viendras nous voir au Groenland. On fait d’autres trucs encore plus cools que de voler avec un traîneau ! répond Paco en tapotant l’épaule de son ami.
– Préparez-vous pour l’atterrissage ! On arrive ! dit le chef des oiseaux.
Avec une précision de plus en plus impressionnante, les oiseaux garent doucement le traîneau sur une petite place non loin du marché de Noël, réputé pour son artisanat et ses traditions locales. Touronchon s’empresse de partir à la recherche de Maître Cruchon, un potier dont les mérites ont été vantés par René, le tailleur de pierre.
– Bonjour Monsieur ! Je cherche Maître Cruchon. On m’a dit qu’il faisait de la poterie. Est-ce que vous sauriez me dire où il est ?
– Oui, c’est le chalet juste là-bas. C’est un sacré personnage, vous allez voir ! répond un monsieur en pointant du doigt un cabanon coloré.
La joyeuse équipe se dirige d’un pas curieux vers le fameux chalet. Devant eux, des poteries étranges, farfelues et tordues captent aussitôt leur attention.
– Regardez ! Il y a un sapin de travers, s’exclame Paco en penchant la tête.
– Et ici, on dirait une sardine un peu myope, ajoute Toudoucette en faisant les gros yeux.
– Euh, c’est quand même très bizarre toutes ces poteries. Pourquoi tout est de travers ou pas très ressemblant à la réalité ? se questionne Froussou en se grattant la tête.
– Regardez, c’est encore pire ici, il y a juste des blocs d’argile carrés. Comment peut-on vendre quelque chose qui ne ressemble à rien ? se demande Touronchon.
– Ça doit être ça l’art contemporain ! dit Noah comme une évidence.
– Bonjour, bonsoir, enchanté, coucou, salut les jeunes gens ! s’écrie Maître Cruchon, de retour dans son cabanon après une petite pause.
– Oh, c’est vous le fameux Maître Cruchon ! Votre ami René m’a parlé de vos talents.
– Oh mon cher René ! Mon cher ami au grand cœur… Cœur de pierre parfois ! Lui taille la pierre, moi je pétris la terre. Je confectionne de petites décorations de Noël à partir de ces blocs d’argile.
– Mais pourquoi elles sont toutes de traviole vos créations ?
En même temps que Touronchon prononce cette phrase, Froussou fait tomber un bloc d’argile par terre.
– Oh pardon. Je suis désolé. Je ne l’ai pas fait exprès. Pardon.
– Nom d’une sardine grillée ! Combien ça va nous coûter cette histoire Froussou ?
– Oh mais ne vous inquiétez pas ! C’est parfait ! C’est super ce que tu as fait jeune caribou.
– Comment ça… Parfait ? questionne Froussou en regardant ses amis d’un air interloqué.
– C’est exactement ce que j’attends des personnes qui passent devant mon chalet. Je m’attends à ce qu’elles fassent tomber mes blocs d’argiles.
– Je ne comprends pas très bien Maître Cruchon.
– Je m’explique. Il y a quelques années, je faisais de la poterie de manière assez… Disons… Classique ! Des vases bien modelés, des belles étoiles de Noël avec des pointes bien droites, puis un jour, alors que j’avais un bloc d’argile posé sur le comptoir juste ici, quelqu’un l’a fait tomber sans faire exprès. L’argile s’est ratatinée par terre et forcément cela ne ressemblait plus à un carré mais à une forme hasardeuse. Et là, j’ai eu une révélation : l’art n’a pas besoin d’être parfait. L’imperfection, c’est ce qui rend une œuvre unique et vivante. Depuis, je laisse la gravité créer le point de départ… et mon imagination fait le reste.
– Wouah ! C’est hyper original ! Je n’y aurais jamais pensé. Et il vous inspire quoi le bloc d’argile que Froussou a laissé tomber ? se demande Paco.
– Si on regarde bien, on dirait un bonhomme de neige qui glisse sur le ventre.
– Moi j’ai plutôt l’impression de voir un manchot avec un chapeau.
– Et moi un kougelhopf écrasé.
– Mais c’est ça qui est fantastique ! Chacun voit ce qu’il veut voir. Et je crois que vous tombez bien parce que cette année il y a un concours de poterie et il me manque quelques créations pour confirmer ma participation. Vous voulez en créer avec moi ?
Les amis font chacun tomber un bloc d’argile par terre et confectionnent à partir de cela des œuvres qui les inspirent : une étoile qui cligne de l’œil, un lutin qui a des ballons à la place des pieds, etc. En regardant leurs créations alignées sur la table, Maître Cruchon lance avec tendresse :
– Vous savez, la créativité, ce n’est pas faire quelque chose de parfait… c’est faire quelque chose de personnel. C’est laisser son cœur parler. Et parfois, les plus belles idées naissent d’un imprévu.
Finalement, lorsque nous créons quelque chose, l’imperfection peut être source d’originalité et de beauté. La créativité et l’imagination donneront une valeur toute personnelle.
Dans le prochain épisode, les amis vont passer une soirée étonnante dans une drôle de maison.